De 1981 à 1988 sur TF1, elle a été avec Yves Mourousi l'un des deux visages du journal télévisé de 13 heures. Marie-Laure Augry, aujourd'hui médiatrice des rédactions de France 3, revient avec une pointe de nostalgie sur son quotidien professionnel de l'époque. Récit d'une journée dans les coulisses de la première chaîne, au milieu des années 80.
C’est à 9h du matin que la journée commençait pour la présentatrice. Avec une première phase essentielle pour la préparation du journal : la conférence de rédaction.
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Une fois la structure du JT définie, le compte à rebours pouvait commencer. Il s'agissait pour Marie-Laure Augry d' « écrire » le journal, en tenant compte des modifications et des nouvelles infos qui peuvent survenir à tout moment. Une tâche stressante et particulièrement solitaire.
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D’où venaient les infos ? « Le matin, on égrenait les journaux, on se penchait sur les dépêches de l’AFP, on écoutait les radios, raconte la journaliste. Peut-être y avait plus de suivisme à la télé qu’ailleurs, mais à l’époque, nous n’avions pas de correspondants en régions ». Le contenu final du journal était en tout cas le fruit d’une réflexion commune de la rédaction. « C’est un véritable esprit de clan qui régnait dans l’équipe, assure la journaliste, nous étions tous très soudés ».
Mais le cœur du JT, c’était bien sûr son duo de présentateurs. « Yves a été mon mentor dans ce métier » explique Marie-Laure Augry, qui ne cache pas son admiration pour celui qui a été son partenaire de direct pendant près de huit ans.
Un journal plus « spontané »
Enfin, à 13h, prêt ou pas, il était temps de mettre de côté son trac et de passer à l’antenne pour 45 minutes de direct. Quelques minutes avant le début, Marie-Laure Augry et Yves Mourousi s’échangeaient rapidement leurs feuilles pour avoir une idée de ce que l’autre allait raconter… et c’était tout : aucun des deux journalistes ne savait à l'avance ce que l'autre allait dire à l'écran !
« Le but était de se surprendre mutuellement, raconte l’ancienne présentatrice. Bien sûr, ça exigeait une confiance absolue entre l’un et l’autre ». Le résultat : une spontanéité « qu'on ne retrouve plus dans les journaux télévisés actuels ». Un exemple : l'absence de prompteur.
Un véritable « style » Mourousi/Augry que l'on retrouvait aussi dans la tonalité générale du journal, ainsi définie par Marie-Laure Augry : « Faire de l'information sérieuse, mais sans se prendre au sérieux ».
Dans les faits, cette attitude pouvait se traduire par quelques fantaisies en direct.
Autre spécificité : la structure du journal, découpé en 2 parties, l'une orientée « news », l'autre plutôt « magazine ».
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Avec beaucoup moins de moyens qu’aujourd’hui, il s’agissait de « faire vivre le direct », malgré des contraintes techniques très fortes. « A l’époque, on était sans cesse en manque d’images, alors qu’aujourd’hui on en a souvent trop ! » raconte Marie-Laure Augry.
Autant d'ingrédients qui conféraient à cette édition de 13 heures une personnalité propre.
Après le JT, toute l’équipe avait pour habitude de déjeuner ensemble. L’occasion d’effectuer un débriefing collectif. « C’était un moment très décontracté, beaucoup moins solennel qu’après le 20 heures ». Puis l’après-midi était consacrée à la préparation de la partie magazine du lendemain.
Le temps de l’audimat
Finalement, les conditions de création du journal télévisé ont beaucoup changé depuis les années 80. « Aujourd’hui, tout est plus formalisé, regrette Marie-Laure Augry, il y a beaucoup moins d’espace pour la personnalité du présentateur. D’une chaîne à l’autre, tous les JT se ressemblent». Avec en épée de Damoclès, le tout-puissant audimat. Une évolution qui selon elle remonte à la privatisation de TF1, en 1987.
Que gardera l’ex-présentatrice de l'ambiance de cette époque ? « Le JT de 13 heures, c’était d’abord l’occasion de vivre ma passion, celle du journalisme. Et ce avec des gens que je respectais et que je respecte encore énormément ». Et surtout, une relation « fraternelle et familiale » avec son alter ego, Yves Mourousi, disparu le 7 avril 1998.
Née en 1947 à Tours, Marie-Laure Augry y fait ses études à l’IUT de Journalisme, avant d’entrer à TF1 en 1972. D’abord affectée au classement des dépêches, puis reporter à partir de 1974, elle présente son premier journal télévisé « Edition de nuit » en 1975, tout en continuant les reportages d’information générale. De 1981 à 1988, elle présente le JT de 13 heures avec Yves Mourousi. Après être passée par la Cinq et RMC, elle est aujourd’hui médiatrice des rédactions à France 3.
Audio : Pauline Théveniaud
Vidéo : Tristan Vey
Ecrit : Pierre Ancery
dimanche 24 mai 2009
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